Les écoles en Thaïlande

Les écoles en Thaïlande

Le dortoir

Le dortoir

Nous voici donc à l'école où nous faisons la connaissance de Pimook et de son équipe.

Nous avons alors procédé à une distribution de lait auprès des enfants. Comme je l'ai précisé précédemment, l'état et la région assurent une grande partie des besoins et chaque élève thaïlandais reçoit une dose quotidienne de lait. Mais avec plus de la moitié des enfants qui ne possèdent pas la nationalité thaïe et qui, de ce fait, ne sont pas recensés, la dotation mensuelle est généralement épuisée vers le 15 du mois.

Nous avons ensuite été les spectateurs d'une série de danses traditionnelles que les enfants avaient préparées depuis quelques jours, en prévision de notre arrivée.

 

 

Vous pouvez admirer ci-dessus une formation de « Lahu rouges » (prononcez la-hou), l'ethnie du village. Les Lahu sont réputés pour être les meilleurs chasseurs du Sud-est asiatique et le terme Lahu qualifie un homme qui est capable de tuer et de cuisiner le tigre. Mais il y a près de 10 ans que les derniers tigres sauvages sont passés au village et la menace qui pèse actuellement sur ces populations est bien plus insidieuse. Je vous en parlerai plus tard.

 

 

Ici, il s'agit de Lisu (prononcez « li-sou »), une ethnie elle aussi très répandue dans la région. D'autres minorités sont les Lahu noirs, les Akha, les Maeo, les Shan, sans oublier les Karen. Plus au sud, il y a les Mons (à ne pas confondre avec les Hmongs qui se trouvent essentiellement au Laos).

 

 

Une fois les danses terminées, nous avons remis le produit de la collecte thaïlandaise à Pi Mook, le directeur de l'école, ceci en présence des professeurs et du chef du village.
De gauche à droite : Le chef du village, Pi Mook, moi-même, une enseignante et une élève qui tient une pancarte sur laquelle vous pouvez lire « École de Ban Huoi Haeng ». Derrière nous se trouvent les élèves sagement alignés en rangs par classe.

 

Monsieur Pi Mook est diplômé d'anthropologie, passionné par son travail et par la culture des minorités et il extrêmement dévoué à ses élèves. Il s'occupe de cette école depuis plus de 10 ans et il contribue grandement au développement de ce village et à la préservation de son identité culturelle. Il m'a raconté que son épouse, enseignante elle aussi mais à Chiang Mai, voulait qu'il demande sa mutation pour pouvoir passer un peu plus de temps avec elle, mais qu'il aimait trop ce poste et préférerait que ça soit son épouse qui vienne le rejoindre ici (sinon, je me choisis une nouvelle épouse dans le village ajouta-t-il en riant).

 

Nous avons collecté environ 30 000 Baths (550 Euros) auprès de la famille et des amis de Pong, une somme qui est venue se rajouter aux 106 000 Baths (plus de 2300 Euros) collectés en France et que nous avions déjà envoyés en début d'année afin qu'ils puissent commencer la construction du dortoir, un dortoir que nous sommes ensuite allés découvrir.

 

 

Un superbe bâtiment tout neuf, entièrement en bois, qui est presque terminé et qui pourra accueillir 80 élèves. Un côté pour les filles, l'autre pour les garçons. Vous pouvez apercevoir ici le premier niveau qui accueillera les enfants les plus jeunes. Un deuxième niveau pour les plus âgés est prévu au-dessous.

 

 

Les élèves sont très heureux de poser devant leur futur logement.

Mais comme le montrent les photos ci-après, il reste encore du boulot :

 

 

 

À gauche sont les douches et les W.C. et à droite, le logement de fonction pour les 6 enseignants.

 

Pimook m'a ensuite fait l'honneur d'une visite guidée du village au cours de laquelle il m'a présenté les différentes minorités ethniques de la région et notamment les Lahu rouges de sa communauté d'accueil.

 

Pour simplifier, la société Lahu est articulée autour de trois personnages essentiels : le Maître des esprits, le Maître des vivants et le Maître des sciences et techniques. Les Lahu croient qu'un esprit est présent dans chaque chose : arbre, rivière, fleur, montagne, etc. Le Maître des esprits est celui qui peut communiquer avec tous ces esprits et il fait également office de médecin guérisseur pour sa communauté. Il connaît en effet, grâce à un enseignement transmis de bouche à oreille, les plantes qui permettent de guérir les différentes maladies qui peuvent affecter les populations montagnardes.

De plus, il mène une vie exemplaire, ne boit jamais d'alcool et n'a qu'une seule épouse.

 

Le Maître des vivants peut être considéré comme un « policier ». C'est à lui que l'on fait appel en cas de conflit. Dans ces petites communautés de quelques centaines de personnes au grand maximum, les litiges sont généralement très faciles à régler, se limitent à des histoires de limites de terrain ou de propriété d'un canard, et tout le monde respecte la décision prise dans l'intérêt de la communauté.

 

Le Maître des sciences et techniques est celui que l'on va consulter pour savoir à quel moment planter le riz, quelles techniques et quels outils employer (ils varient en fonction du sol et de la période de l'année), comment construire une maison, etc.

 

Depuis des siècles, cette structure tricéphale garantit l'harmonie de ces petites communautés. Mais comme je vous le disais précédemment, il pèse sur cette quiétude une menace bien plus insidieuse que la persécution dont ces populations ont été victimes au Myanmar (ex-Birmanie). Je veux parler des « missionnaires » en tous genres. Ces représentants de différents mouvements soi-disant chrétiens : Méthodistes, Évangélistes, Mormons, Témoins de Jehova et autres qui viennent régulièrement rendre visite à ces communautés dans le but de leur faire adhérer à leurs croyances et qui provoquent ainsi des dégâts irréparables à la cohésion séculaire des villageois.

 

Avec l'arrogance caractéristique de ceux qui se prétendent investis d'une mission « divine », ils expliquent aux populations que tout ce à quoi ils croyaient jusqu'à présent est faux, que toutes les bases de leur société séculaire sont infondées et qu'il n'existe qu'un seul dieu, bien évidemment le leur, auquel il faut se soumettre sous peine de brûler dans les flammes de l'enfer. De plus, ils n'hésitent pas à glisser un billet dans les mains de certains locaux pour obtenir leur soutien. Le résultat : des conflits de plus en plus nombreux au sein des familles et des villages menacés de désertification avec une perte définitive de l'identité culturelle.

 

Vous avez certainement déjà vu des publicités pour des organismes religieux autoproclamés charitables qui vous invitent à « donner 1 Euro par jour pour un enfant ». Ils se servent de cet argent pour construire eux aussi des dortoirs et des écoles, mais ils y prodiguent en fait le même enseignement que dans les écoles publiques (qui existent déjà), en plus de leur endoctrinement religieux, et n'y accueillent que les enfants qui, moyennant finance, se convertissent à leur religion. Dans certains villages, ils embauchent parmi la population locale un recruteur qui perçoit un salaire mensuel et qui a pour tâche de pratiquer un travail de fond et de préparer le terrain pour la venue des prêcheurs. Certains pays comme le Laos ont tout bonnement interdit les missionnaires sur leur territoire.

 

C'est l'une des raisons, outre la corruption qui est elle aussi un fléau, pour lesquelles j'ai personnellement toujours choisi l'aide directe. Monsieur Pi Mook est parfaitement digne de confiance et l'intégralité des sommes versées est et sera réellement employée à l'amélioration du quotidien des élèves. Depuis plus de 10 ans qu'il a pris en charge ce poste, il a su améliorer les conditions de vie des habitants en leur apportant une éducation moderne, éducation qui n'est nullement en contradiction avec leur culture traditionnelle et qui permet même de la préserver et de la promouvoir.

 

 

Une autre contribution à la préservation de l'identité culturelle de ces petits hameaux est l'accueil par certaines familles des randonneurs de passage, Monsieur Pi Mook, qui parle très bien l'anglais, faisant alors office d'interprète entre les villageois et les voyageurs en quête de dépaysement culturel.

 

La construction du dortoir était un premier projet qui a pu être mené à bien, mais vous avez pu voir qu'il reste encore à faire. Nous avons prévu d'y retourner lors des prochaines vacances scolaires, en octobre, et nous espérons d'ici là récolter d'autres fonds, notamment pour l'achat de citernes qui permettront de stocker l'eau de pluie, mais aussi de couvertures, coussins et matelas.

 

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La suite : Vêtements et matelas



06/03/2009
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