Les écoles en Thaïlande

Les écoles en Thaïlande

Vêtements et matelas - 1ère partie

Un brin d'inconscience et beaucoup de bonne volonté pour un hiver au chaud

 


Après le succès rencontré pour la construction du dortoir, il m'est venu l'idée a priori saugrenue de lancer une collecte de vêtements chauds pour les enfants de l'école de Ban Huoi Haeng. J'ai donc adressé un courriel à tous mes contacts en leur demandant, pour ceux qui viendraient en Thaïlande ou pour les expatriés qui rentrent en France, de me ramener quelques kg de vêtements usagés pour enfants.

Le résultat :

 

300 kg de vêtements, 90 ensembles « matelas + housse + duvet + oreiller » ainsi que du lait, des biscuits, fruits et autres friandises et, le plus important, 80 petits pensionnaires de 4 à 13 ans qui sont partis en vacance le cœur léger et le sourire aux lèvres en sachant qu'ils pourront dormir confortablement et au chaud pendant les mois d'hiver.

 

Mais pourquoi des vêtements chauds ? La Thaïlande est un pays à climat tropical !!

Et comment sommes-nous passés, mon épouse Pong et moi-même, d'une simple demande adressée à quelques amis à une organisation logistique n'ayant pas grand-chose à envier aux ONG professionnelles ?

 

Mais commençons par le commencement :

 

Après notre dernier voyage à Ban Huoi Haeng en mars 2007 pour vérifier l'avancement des travaux et, surtout, faire la connaissance de Pimook et de son équipe d'enseignants, des amies de Pong continuaient à nous envoyer des dons en espèces. Mon premier récit sur la construction du dortoir et la présentation du village et des Lahu rouges a lui aussi suscité quelques vocations et vous avez été plusieurs à vouloir « connaître la suite ».

 

Fin mai, des amis de Bangkok qui allaient passer leurs vacances en France m'ont proposé de profiter de leur voyage pour me ramener des produits difficiles à trouver en Thaïlande. L'offre commerçante s'étant considérablement étoffée au cours de ces dernières années –et réussissant même à trouver assez facilement le sacro-saint munster – je ne voyais pas vraiment quoi leur demander qui puisse se transporter facilement quand tout à coup, en regardant des photos et sachant que les températures dans les montagnes du nord de la Thaïlande peuvent frôler les 0 °C en hiver, une idée m'est venue a l'esprit : « Des vêtements chauds usagés pour enfants !! ». 

La machine était lancée, mais je ne le savais pas encore !!

 

Dans les jours qui ont suivi, j'ai adressé un courriel à tous mes contacts en France et en Thaïlande, accompagné d'un appel sur des forums Internet que j'ai l'habitude de fréquenter. Un peu plus de 2 mois plus tard, je me retrouvais avec ça :

 

 

Soit près de 300 kg de vêtements qu'il nous faudrait transporter ici :

 

 

Mais ce n'était pas tout…

… il y avait aussi 90 matelas avec leurs housses, 90 duvets et 90 oreillers, soit près de 5 m3 à acheminer par des pistes très difficiles, même en 4x4, pendant la saison des pluies.

 

En effet, plusieurs personnes nous avaient proposé de l'argent plutôt que de s'encombrer avec des vêtements et ces sommes sont venues en complément de nos collectes locales qui se poursuivaient presque malgré nous. Nous nous retrouvions ainsi avec une cagnotte que nous estimions trop importante pour du lait et quelques friandises, mais encore insuffisante pour pouvoir faire face à des besoins plus sérieux.

 

En développant l'idée selon laquelle un dortoir c'est bien, mais c'est encore mieux lorsqu'il dispose de la literie appropriée, je me suis renseigné sur le prix des articles, défini un budget global et relancé un nouvel appel aux dons. Les réponses ne se sont pas faites attendre, notamment de la part d'une association de Nice dont la présidente, Mary, avait été séduite par nos premières actions et acceptait de financer la moitié des 1500 Euros nécessaires. Le budget était bouclé mi-septembre, soit en 2 mois à peine.

 

Il restait maintenant à trouver les marchandises et, surtout, a les faire acheminer jusqu'au village. C'est la qu'est intervenue la légendaire serviabilité des thaïlandais : 

Un ami infirmier qui habite près de Chiang Mai a visité plusieurs grossistes jusqu'à trouver le meilleur rapport qualité/prix, livraison comprise, au moins jusqu'à Tam Lod, c'est-à-dire le dernier village desservi par une route goudronnée avant la destination finale. L'épouse d'un instituteur de Ban Huoi Haeng est elle-même enseignante à Tam Lod et les matelas et autres oreillers seraient entreposés dans son école jusqu'à notre arrivée. Nous avions initialement prévu d'organiser le transport sur les 10 derniers km une fois sur place, mais lorsque les habitants de Tam Lod ont vu arriver la cargaison, ils l'ont spontanément chargée dans des pickups et transportée eux-mêmes jusqu'à Ban Huoi Haeng. C'est donc une véritable chaîne de solidarité qui s'est mise en place et c'est Pimook lui-même qui a provoqué la surprise en nous appelant un samedi matin pour nous informer que les matelas et tout le reste étaient bien arrivés à destination.

 

Nous envisagions initialement de faire acheminer les 300 kg de vêtements par un transporteur, mais là aussi la solidarité s'est manifestée en la personne de Robert, un sympathique retraité habitant a Nong Khai, au bord du Mékong, qui s'est aimablement proposé de nous accompagner dans notre périple.

 

 

 

Ce sont donc deux pickups chargés à bloc qui sont partis rejoindre Ban Huoi Haeng par les difficiles pistes de montagne.

 

Comme il n'avait pas plu depuis quelques jours, le trajet ne devait pas présenter de difficultés particulières, d'autant plus qu'une partie du chemin a été bétonnée récemment. Les 90 minutes nécessaires la dernière fois feraient bientôt partie du passé, Ban Huoi Haeng n'était plus qu'à une demi-heure de route, ou plutôt de trajet motorisé, de Tam Lod.

 

 

Nous retrouvons avec plaisir Pimook ainsi qu'Amnat, le chef du village, et comme nous sommes arrivés à l'heure du repas, nous en profitons pour nous asseoir autour d'une table et échanger quelques informations, notamment sur les effectifs de l'école et les besoins des enfants.

 

L'école de Ban Huoi Haeng est un établissement public qui est financé en partie par l'éducation nationale et en partie par le district au même titre que n'importe quelle autre école thaïlandaise. Sa particularité est que sur les 123 enfants qu'elle accueille, 89 n'ont aucune pièce d'identité, certains n'ont même pas de nationalité (voir une anecdote à ce sujet dans mon premier récit). Si le village lui-même est à dominante « Lahu rouge », les 80 pensionnaires qui dorment a l'école sont également des Lisu, des Pa-o et des Shan. Pour accueillir tout ce petit monde, Pimook dispose de 2000 Baths (environ 40 Euros) par an et par enfant, dont la moitié est versée par l'UNICEF dans le cadre d'une coopération avec le gouvernement thaïlandais.

 

Oui, vous avez bien lu : 40 Euros pour héberger et nourrir un enfant pendant 1 an, ou plus exactement pendant les 9 mois d'une année scolaire, soit 15 cents par jour !!

Et çà, c'est cette année. L'année dernière, il n'y avait pas l'aide de l'UNICEF et le budget était de 1000 Baths par an et par enfant. Pimook ne sait pas ce qu'il en sera l'année prochaine.

 

Pour illustrer d'autres difficultés rencontrées par ces enfants, voici l'histoire de Theu.

 

Theu a 7 ans et appartient à l'ethnie Shan (ou Tai Yai en Thaï). Son père est combattant dans la Shan State Army. L'état Shan s'étend sur une petite partie du nord de la Thaïlande et couvre une grande partie du nord-est de la Birmanie. Il est délimité par la Chine au nord, le Laos à l'est, la Thaïlande au sud et la Birmanie à l'ouest. Il possède son propre drapeau, sa propre langue et même un gouvernement et une armée. Le territoire couvre une surface totale de plus de 60 000 km2 dont la plus grande partie se situe entre 2000 et 3000 m d'altitude. Il était contrôlé par les britanniques lorsque la Birmanie faisait partie de l'empire colonial, puis par les japonais de 1942 à 1945. Les anglais sont revenus jusqu'en 1947, année ou un accord a été signé entre les Birmans et différents groupes ethniques dont les Shan, les Karen, les Mon, les Khang et les Kaeng, accord selon lequel ces groupes, bien que faisant partie de la Birmanie, bénéficieraient d'une certaine autonomie administrative et économique. L'histoire a montré que ces accords n'ont jamais été respectés par les birmans, ce qui a obligé plusieurs de ces populations à prendre les armes pour se défendre contre les exactions de la junte militaire de Rangoon.

 

Le papa de Theu est ainsi souvent obligé de s'absenter, parfois pendant plusieurs jours, pour aller « au front ». De plus, il faut souvent changer l'emplacement du campement pour échapper aux militaires birmans. Sa maman désespérait de pouvoir mener une vie normale et elle a finalement décidé de fuir en Thaïlande ou le hasard l'a menée au village de Ban Huoi Haeng.

 

Theu est ainsi arrivé au village il y a quelques mois, et comme il ne parlait pas le Thaï il a commencé sa scolarité par la maternelle. Mais ses progrès sont rapides et il est très heureux de pouvoir fréquenter régulièrement une école.

 

La bonne nouvelle, c'est que tous les enfants, même les réfugiés sans papiers, ont accès à l'école gratuitement jusqu'à l'âge de 15 ans et même aux soins médicaux jusqu'à 18 ans, à condition d'être scolarisés. L'école de Ban Huoi Haeng assure la maternelle ainsi que les 6 années d'enseignement primaire et les enfants peuvent ensuite aller suivre le cycle secondaire au lycée de Tam Lod.

 

La nouvelle constitution thaïlandaise, adoptée par referendum en août 2007 et qui devrait entrer en application après les élections générales de décembre 2007, prévoit même l'école gratuite jusqu'à l'âge de 18 ans, c'est-à-dire un niveau équivalent au baccalauréat. Mais seul l'enseignement proprement dit est gratuit, les petits montagnards qui habitent parfois à plusieurs heures de marche de leur école sont obligés d'y dormir à leurs frais et les 20 à 40 Euros par an et par enfant sont loin de couvrir tous les besoins.

 

Le salaire moyen en Thaïlande est d'environ 10 Euros par jour dans les grandes villes, moins de la moitié dans les campagnes défavorisées du Nord-est. Un enseignant en début de carrière touche moins de 200 Euros par mois, un directeur d'école comme Pimook qui passe 9 mois sur 12 en montagne et qui a fait de longues études, atteint à peine les 500 Euros mensuels.

 

Mais ces sommes qui semblent peu élevées d'après les standard européens représentent de véritables fortunes pour les populations montagnardes qui gagnent en moyenne 80 cents par journée de 12 heures de travail. Le paiement de frais de scolarité, aussi faibles soient-ils, est donc impensable et les enfants, même les plus doués, se résignent souvent à quitter l'école à 15 ans, parfois même avant pour ceux qui doivent participer aux travaux agricoles de la famille. Un véritable gâchi auquel nous essayons, dans la mesure de nos modestes moyens, de remédier.

 

Pour lire la suite, cliquez >ICI<

 

Pour faire un don, cliquez >ICI<

 



06/03/2009
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 7 autres membres