Les écoles en Thaïlande

Les écoles en Thaïlande

Les panneaux solaires

Teuh est content…


 

Oui, Teuh est content !! Teuh ainsi que les 120 autres enfants de l'école de Ban Huoi Haeng qui, après avoir pu loger dans un dortoir nouvellement construit et disposant de tout l'équipement de couchage nécessaire, obtenu des vêtements chauds pour mieux supporter la froidure des hivers montagnards, pu se laver dans des douches et des lavabos dignes de ce nom, peuvent maintenant faire leurs devoirs à la lumière d'ampoules électriques et bénéficier d'un support de cours audiovisuel comme tous les enfants du pays.

 

Une autre raison pour laquelle Teuh et ses amis sont contents est que nous leur rendons régulièrement visite depuis plus de 2 ans et qu'ils savent maintenant que quelqu'un, quelque part au-delà de leurs montagnes natales, se soucie de leur avenir et essaie de contribuer à l'amélioration de leur quotidien.

 

C'est donc dans ce contexte que nous avions prévu de nous rendre une nouvelle fois à l'école de Ban Huoi Haeng en ce mois d'octobre 2008 avec un double objectif : vérifier l'usage des différents fonds que nous avions fait parvenir à Pimook et vérifier l'installation des panneaux solaires qui leur avaient été livrés en juillet dernier.

 

Les panneaux solaires :

Le village de Ban Huoi Haeng se trouvant à plus de 10 km de routes montagneuses du dernier poteau de distribution du réseau électrique, les habitants ont eu en dotation, il y a quelques années, un « kit solaire » par maison constitué d'un panneau, d'un bloc convertisseur et d'une batterie. L'ensemble délivre une puissance d'environ 120 watts et a une autonomie suffisante pour alimenter 2 ou 3 ampoules électriques pendant quelques heures en soirée.

 

Si cet équipement rudimentaire est à peu près suffisant pour une famille de montagnards moyenne qui est habituée à des conditions de vie rudes et qui, avant cela, s'éclairait en faisant brûler de la résine des pins nombreux à cette altitude, l'administration « responsable » (vous noterez les guillemets qui encadrent le mot responsable) a considéré que l'école est une maison comme les autres et lui a donc attribué un kit comme à tout le monde !!

 

Seulement voilà : l'école de Ban Huoi Haeng, ce sont 125 enfants avec leurs 6 professeurs et leur directeur dont 85 qui restent dormir sur place !!

 

Nous avions donc décidé de poursuivre notre aide en collectant des fonds pour permettre aux enfants de faire leurs devoirs avec un éclairage correct. Il s'agissait tout d'abord d'évaluer les besoins réels et de choisir la solution la mieux adaptée. Il y aurait en tout quatre bâtiments à éclairer, dont un qui compte deux grandes salles de classes. Après avoir consulté plusieurs sociétés, dont celle qui avait équipé le village quelques années auparavant, nous avons finalement retenu la solution de plusieurs petits groupes autonomes plutôt qu'une seule grande centrale qui alimenterait toute l'école. Cette configuration réunit les avantages de la souplesse de mise en œuvre, de la fiabilité et de la disponibilité.

 

 

En effet, l'adoption de petits systèmes individuels plutôt qu'un seul plus puissant a pour avantage le maintien d'une grande partie de la capacité totale en cas de défaillance de l'un d'entre eux. De plus, chaque groupe étant destiné à alimenter un bâtiment individuel, l'installation s'en trouve simplifiée et la partie extérieure, à savoir les panneaux solaires montés sur leur support, est moins encombrante.

 

Un autre aspect qui nous semblait très important est la simplicité de mise en œuvre. Ne disposant pas de moyens techniques et logistiques comme les grosses organisations humanitaires, il faut que le matériel puisse être installé et entretenu facilement par un électricien local.

 

Nous avons ainsi commencé par réunir Pimook et les enseignants pour définir précisément leurs besoins, une réunion qui a eu lieu en mars 2008. J'étais parti sur une hypothèse d'un groupe solaire par bâtiment (il y a 6 bâtiments dont un qui est déjà équipé), mais il est ressorti de notre consultation que 3 groupes seraient finalement suffisants. Pimook et son équipe sont ainsi intervenus directement dans le choix de la solution et ont réellement le sentiment d'être en possession d'un matériel qui leur appartient et qu'ils maîtrisent.

 

L'équipement que nous avons choisi est proposé par la société Leonics et répond parfaitement à ces critères. Cette société possède une usine près de Bangkok est a également été en mesure de fournir le support pour les panneaux. Là aussi, une installation très simple par un scellement dans le béton. Par rapport à l'équipement existant, les panneaux que nous avons fournis occupent plus du double de la surface pour un coût identique. La puissance de charge est donc nettement supérieure et l'autonomie s'en trouve ainsi renforcée.

 

 

Cette puissance supplémentaire permet également aux enfants de profiter des supports de cours audiovisuels qui leur avaient été fournis depuis longtemps par l'éducation nationale, mais qui étaient inutiles jusqu'à présent par manque d'électricité.

 

Il y avait bien un petit téléviseur, mais l'autonomie du système précédent était insuffisante pour pouvoir en faire un usage pédagogique digne de ce nom et il servait très peu. À présent, c'est une salle de classe complète qui peut en profiter pleinement. L'éclairage est assuré par des ampoules à basse énergie qui, si elles sont un peu plus chères à l'achat, consomment très peu (nous avons opté pour des modèles de 8 watts) et restent allumées toute la nuit, ce qui peut s'avérer extrêmement important dans certains cas, comme vous allez le découvrir dans ce qui suit…

 

Les funérailles chez les Lahu rouges

Selon la coutume des Lahu rouges, lorsque quelqu'un décède de mort dite « douce » (maladie ou vieillesse), la personne décédée est enterrée dans le cimetière de la communauté. S'il s'agit d'un enfant, il peut être enterré le jour même. S'il s'agit d'un adulte, le corps sera conservé pendant une journée et mis en terre le lendemain. Il n'y a pas de cercueil, les membres de la famille enveloppent le corps dans un tissu ou une natte de roseau. Le rituel est différent lorsque quelqu'un décède de mort violente, dans quel cas le corps est incinéré.

 

La tradition veut qu'un poulet soit tué et cuisiné pour la personne décédée. Une aile et une cuisse – avec les plumes – sont découpées de l'animal, attachées l'une à l'autre avec une lanière en bambou puis l'ensemble est placé sur le torse du défunt. Les Lahu rouges croient que l'aile se transformera en éventail pour se rafraîchir après un long voyage. La cuisse se transformera en un outil qui permettra à la personne décédée de creuser pour chercher de l'eau. Les membres de la famille doivent apporter une poignée d'herbe ou de feuilles prélevée autour de la maison et attachée pour former une botte, botte qui sera elle aussi placée sur la poitrine du défunt. Selon les croyances, cette botte se transformera en balai qui servira au nettoyage. Ils ajoutent également quelques morceaux d'étain dans la bouche de la personne décédée, le même que celui qui sert à fabriquer les cartouches et qui fera ici office de monnaie. Un pot de riz est préparé pour le défunt et celui-ci est mélangé avec des cendres ou du charbon de bois afin qu'il devienne noir et impropre à la consommation. Ce pot de riz sert à avertir les personnes encore vivantes de ne pas essayer de suivre celui qui est mort, car elles ne trouveront rien à manger.

 

 

Le jour suivant, les membres de la famille attachent un bambou de chaque côté du corps et le transportent jusqu'au cimetière du village. Le corps sera sorti de la maison par une paroi latérale et non pas par l'échelle principale, car celle-ci est réservée aux vivants. Si le corps était sorti de la maison par l'échelle, un autre membre de la famille le suivrait dans la mort.

 

Un cérémonial relativement élaboré dont le but est de s'assurer que l'esprit du défunt gagne bien le pays des morts et ne reste pas hanter le village. Les Lahus pensent que lorsqu'une personne décède, son âme – ou esprit – est toujours rattachée à sa famille et à sa maison, un lien très fort qui fait que l'esprit de la personne décédée revient toujours dans son foyer.

 

La première nuit après le décès, l'âme est encore capable de venir dans la cuisine pour chercher de quoi manger. La deuxième nuit, l'âme s'arrête devant la porte de la maison et la troisième nuit, elle peut seulement monter sur l'échelle. La quatrième nuit, l'esprit ne pourra parvenir que jusqu'à l'entrée du village, puis son aptitude à s'approcher du village diminuera progressivement jusqu'à la 7ème nuit où l'esprit de la personne défunte disparaîtra pour de bon et restera vivre dans son propre monde.

 

Ces lignes sont extraites d'un livre de Pimook sur la vie des minorités ethniques, je les ai traduites ici avec son aimable autorisation. Si je parle de cela, c'est que quelques temps après l'installation des panneaux solaires et de la mise en place de l'éclairage, un décès a eu lieu dans le village.

 

Les enfants étaient terrorisés à l'idée de se retrouver nez à nez avec l'esprit du défunt en allant au petit coin pendant la nuit et ont demandé à Pimook s'ils pouvaient laisser la lumière allumée pendant les 7 nuits qui suivirent le décès. Avec l'expérience du premier équipement, Pimook pensait initialement que l'autonomie suffirait juste le temps que les enfants s'endorment, mais il s'est avéré que les 3 ampoules alors utilisées sont restées allumées toute la nuit. En conclusion, non seulement l'installation fournie permet aux enfants de profiter de leurs cours audiovisuels et faire leurs devoirs sous un éclairage digne de ce nom, mais elle tient aussi éloignés les esprits des défunts qui rôdent pendant la nuit !!

 

 

Ce programme « panneaux solaires » nous a occupé une bonne partie de l'année en mobilisant des fonds importants et nous voulions bien évidemment aller constater le résultat de visu. Nous avions programmé notre visite début octobre, la dernière semaine d'école avant les vacances de milieu d'année. Mais nous n'allions pas venir seuls…

 

En effet, un ami médecin français qui avait déjà participé à de nombreuses missions humanitaires s'était aimablement proposé de nous accompagner pour effectuer un contrôle médical de base des enfants. Vous pouvez lire son témoignage ici : Visite médicale.

 

Ce nouveau voyage à Ban Huoi Haeng nous a également permis de constater une nouvelle fois l'excellente gestion par Pimook et son équipe des fonds versés. Voici, par exemple, à quoi ressemblaient les douches et les toilettes, la première fois que nous y sommes allés il y a plus de 2 ans, elles étaient toujours dans le même état l'année dernière.

 

 

 

Et ci-dessous la superbe installation sanitaire dont peuvent aujourd'hui profiter les enfants.

 

 

Chacun de nos visites est aussi l'occasion pour nous d'apporter aux enfants quelques friandises, une séance de distribution à laquelle participent toujours activement nos filles. Il s'agit toujours de produits choisis en fonction de leurs qualités à la fois nutritives et gustatives en évitant le réflexe typiquement européen de penser que tous les enfants aiment les bonbons. Ici, il y a des yaourts à boire, des fruits, des sardines à l'huile et des sachets de soupe aux nouilles déshydratés. Il est évident qu'après leur avoir fait une leçon sur l'art de se brosser les dents, nous n'allions pas leur donner de quoi les abîmer encore plus !!

 

Ces 2 journées passées auprès des élèves de Ban Huoi Haeng ont une nouvelle fois été très riches en émotions et nous ont une fois de plus permis d'admirer le dévouement infaillible de Pimook et de son équipe d'enseignants. Après 2 ans de soutien, ce sont plus de 12 000 Euros que nous avons déjà consacrés aux projets pour l'école de Ban Huoi Haeng, mais aussi celle de Tam Lod qui dispose maintenant d'un dortoir tout neuf avec des lits superposés pour les 30 garçons qui y sont pensionnaires. Une nouvelle salle commune a en outre été construite récemment, ce qui évite aux élèves de se réunir sous la pluie ou d'être exposés à tous les vents.

 

La suite : Visite médicale

Pour faire un don, cliquez >ICI<



06/03/2009
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 7 autres membres