Les écoles en Thaïlande

Les écoles en Thaïlande

Sister Act, version thaïlandaise

Lycée de Laembua Wittaya

ou comment motiver les élèves d'un établissement
scolaire défavorisé en milieu rural

Monsieur Prathip est le directeur du Lycée de Laembua Wittaya, dans la province de Nakhon Pathom.

Si la situation de cet établissement n'a rien à voir avec celles des écoles de montagnards, il dispose globalement de bonnes infrastructures, de personnel en nombre suffisant et se situe à une heure de route à peine de la capitale, il n'en demeure pas moins que les élèves qui le fréquentent sont tous, sans exception, issus de familles extrêmement modestes.

Monsieur Prathip, qui occupe la direction de cet établissement depuis 2004, aurait pu se contenter de jouir de son statut de cadre fonctionnaire en milieu de carrière avec un revenu confortable. Mais ce n'est pas vraiment dans son tempérament.

Cet établissement accueille exclusivement des élèves du secondaires (de 12 à 18 ans) et, avant son arrivée, la plupart d'entre eux se contentaient de faire acte de présence pendant les 3 années d'école obligatoire qu'il leur restait à faire. Peu allaient plus loin, surtout par manque de motivation et aussi parce qu'en allant à Laembua Wittaya, ils se considéraient déjà sur une voie de garage.

Mais l'engagement de Monsieur Prathip dans sa mission et son investissement personnel en temps, mais aussi en argent, ont fait que cet établissement est maintenu devenu une référence non seulement dans la province, mais aussi au niveau national.

Mais qu'a-t-il bien pu faire pour qu'un lycée dit de « deuxième zone » deviennent un modèle de réussite envié par beaucoup ? La réponse est :

!! MUSIQUE !!

L'histoire du Lycée Laembua Wittaya est un peu comparable à celle du film Sister Act II.

En gros, il s'agit d'un lycée dans un quartier défavorisé d'une grande ville américaine, le genre d'établissement que l'on fréquente seulement parce qu'il n'y a rien d'autre dans le coin et où de toute façon personne ne veut aller. Genre la zone ravitaillée par les corbeaux qui volent à l'envers, jusqu'à l'arrivée de Delorès Van Cartier, alias Woopie Golberg, qui décide de former une chorale ! Succès phénoménal et excellente musique. Voici un petit extrait :

 

Et bien sans connaître le film, Monsieur Prathip a eu la même démarche !
Il a formé un groupe musical, une troupe de danseurs et a mis tout le monde à contribution : Il a embauché un professeur de musique (non prévu au programme scolaire normal).
La professeur d'art a été chargée de dessiner et de créer les costumes des musiciens et des danseurs et tous les élèves qui veulent apprendre à jouer d'un instrument ou à danser en chorégraphie ont été conviés à s'investir dans ce projet. Répétitions tous les week-ends, parfois aussi en soirée pendant la semaine.

Le résultat : un peu plus d'un an après avoir commencé, le groupe participait déjà à des compétitions régionales, puis nationales. En 2006, ils ont fini 2ème d'un concours national regroupant certains établissements qui y participaient depuis plus de 10 ans.

Depuis, ils sont passés à la télévision nationale et commencent même à être sollicités pour des manifestations privées. Le 15 août 2008, ils se sont produits devant des membres de la famille royale à l'occasion de la fête des mères.

Grâce à leur directeur, les élèves sont maintenant fiers de fréquenter le Lycée de Laebwua Wittaya.

Mais en quoi peuvent-ils bien avoir besoin de nous ?

La raison est toute simple :

Pour participer à des concours, parfois en parcourant des centaines de kilomètres en bus, prendre ses repas et être hébergé loin de chez soi ou tout simplement pour acheter les matières premières pour confectionner les costumes, il faut de l'argent.

Les parents, très modestes, sont incapables de faire face à ces dépenses supplémentaires et il n'est pas rare de voir des jeunes qui essaient de faire un petit boulot pour pouvoir participer à cette aventure. L'année dernière, les professeurs se sont même cotisés pour payer les frais du chanteur leader du groupe, car il voulait absolument participer à un concours.

J'essaie donc moi aussi, dans la mesure de mes modestes moyens, d'apporter mon aide à Monsieur Prathip, parce que je considère qu'il accomplit un travail vraiment remarquable. Tellement remarquable, que certains professeurs de son établissement à l'esprit "fonctionnaire"
commencent à critiquer ses actions en se plaignant qu'il leur donne du travail supplémentaire.

Accessoirement, je me rends régulièrement au Lycée Laembua Wittaya pour animer des séances de conversation en anglais avec les élèves dont certains n'ont jamais eu l'occasion de dialoguer avec un étranger.



07/05/2009
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